Titre

L’influence dans l’enseignement d’une langue vivante de la maitrise de la langue cible sur les gestes professionnels du professeur des écoles non spécialiste

Auteur Pascale BOISSONNET
Directeur /trice Ecaterina Bulea-Bronckart (UNIGE)
Co-directeur(s) /trice(s) Marie-Laure Elalouf (CY Cergy Paris Université)
Résumé de la thèse

Le questionnement

Au cours d’une étude préalable menée dans le cadre du mémoire de recherche du master MEEF 4 Parcours « Formation de Formateurs d’Enseignants » nous avons analysé la transcription de deux séances de langue menées en école élémentaire par un enseignant expérimenté d’un niveau de langue estimé B1 . Cette analyse a montré que certains gestes professionnels de l’enseignant semblaient contraints par l’utilisation de la langue cible au cours des interactions langagières avec les élèves.

Ce constat, nourri d’observations de professeurs des écoles stagiaires dans le cadre du suivi du stage en responsabilité, y compris de deux séances menées par une stagiaire bilingue, nous conduisent à souhaiter étudier le questionnement initial en le développant dans le cadre de cette recherche.

Le questionnement prendra en compte les composantes de la didactique des langues auprès d’un jeune public, le contexte de l’enseignement des langues étrangères à l’école élémentaire, enseignement dispensé par des enseignants polyvalents donc non spécialistes. La langue étudiée ici est l’anglais principalement, l’allemand dans une moindre mesure. Dans le cadre des préoccupations didactiques de la discipline nous interrogeons l’influence de la maitrise de la langue étrangère étudiée sur les gestes professionnels de tissage, d’étayage et certains gestes de pilotage.

Ainsi, il s'agira d'adopter une perspective articulant approches didactiques et ergonomiques, et à travers l'analyse des interactions langagières de définir les gestes professionnels, puis d’élargir l’analyse aux gestes didactiques et aux gestes d’étude des élèves afin d’analyser les effets de la maitrise de la langue sur l’enseignement mais aussi et surtout sur l’apprentissage.

Les cadres théoriques convoqués concernent à la fois l’analyse des interactions langagières (Bruner, Bucheton, Bulea Bronckart, Cicurel, Jorro, Rivière), l’analyse du travail (Clot), la didactique professionnelle (Pastré, Vinatier), l’analyse de pratiques professionnelles des enseignants (Altet, Bucheton, Elalouf, Jorro, Perrenoud), la didactique des langues (Bange, Cuq, Narcy-Combes, Porcher), la spécificité de l’enseignement des langues à l’école primaire (Aden, Gruson, Tardieu, Voise). Comme l’étude se veut qualitative, elle portera sur l’observation d’un nombre restreint d’enseignants, six, dont les niveaux de langue sont contrastés et qui ont pour la plupart plus de cinq ans d’ancienneté. L’étude s’intéressera à des situations identifiables avec pour objectif de tenter de mettre au jour « des logiques d’arrière-plan ».

La méthodologie

Pour le recueil de données les six enseignants sélectionnés :

 Ont un niveau de maitrise de la langue différent qui prend en compte au moins trois niveaux sur l’échelle du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues.

 Ont un niveau d’expertise qui s’échelonne de la formation initiale à une expérience de plus de 5 ans.

Niveau de langue PES (professeur d’école stagiaire) Jusqu’à 10 ans d’ancienneté Plus de 10 ans d’ancienneté

A2 1 1

B1 1 1

B2 et plus 1 1

 

Chacune des six enseignantes a été filmée dans une séance d’anglais et une séance de français. Deux d’entre l’ont été également lors d’une séance d’allemand.

Les enseignants ont présenté des séances « ordinaires », sans demande particulière de notre part. Nous faisons l’hypothèse que la séance, quelle qu’elle soit, devrait offrir des moments de tissage et d’étayage et de toute façon des entrainements à la compréhension et à la production orale.

Un ou deux entretiens d’auto-confrontation post-séances ont été conduits pour chacune. Quatre enseignantes ont été pour l’instant enregistrées pour un entretien relatif à des données de biographie professionnelle et langagière.

 

L’outil méthodologique

Depuis janvier le travail porte sur les transcriptions et leur exploitation. Dans un premier temps quelques éléments statistiques ont été collectés. Ils portent sur la proportion de français et de langue cible en LV, sur la répartition des tours de parole (TDP) entre l’enseignante et les élèves, sur la longueur des TDP et la proportion de TDP plus ou moins longs, sur l’alternance codique dans les séances de LV, sur les temps laissés aux élèves pour des interactions en autonomie, sur la fréquence de certains mots.

Au fil des lectures et relectures il nous est apparu que la fréquence des répétitions par les élèves en séance de LV constituait un élément saillant à prendre en considération. Le rôle, la fonction de la répétition dans l’apprentissage d’une langue vivante a été très étudié et cela nous a conduit à des lectures traitant de l’analyse des interactions, en particulier dans le cadre de l’enseignement d’une LV.

L’analyse des transcriptions a ainsi évolué vers une recherche de collections d’’épisodes’ (Altet, 1994) au sein de chaque séance puis au sein des séances conduites par la même enseignante. Notre hypothèse de travail à ce stade est que ces différentes formes de reprises servent les visées didactiques des enseignantes et font sens dans leurs pratiques. Nous tenterons de mettre au jour plus tard si « les reformulations auxquelles procède l’enseignant cristallisent les observations des élèves et structurent les objets enseignés au cours de l’interaction » (Garcia-Debanc, 2006, p.113). Enfin, toujours dans une recherche d’éléments qui nous permettraient d’analyser et de comparer les séances d’une même enseignante nous avons souhaité considérer pour chaque épisode les conduites discursives de l’enseignante et des élèves, en faisant cette fois l’hypothèse qu’elles pourraient être différentes en séance de français et en séance de LV. « Outre l'engagement dans une situation d'interlocution (la construction des places et des rapports de places dans l'échange, la structure de l'interaction...), la notion de conduite discursive permet de rendre compte des constructions et des transformations des objets de discours tout au long de l'interaction » (Garcia-Debanc &Delcambre, 2001, p.13). Il nous semble que l’étude de la construction des objets de discours pourrait permettre de faire émerger des différences de niveau de maitrise dans les différentes langues. Par la suite nous avons repris les épisodes en vue d’identifier le GP associé puis dans un dernier temps nous avons classé les épisodes en fonction du GP auquel nous les rattachions. Alors qu’initialement nous avions pensé nous intéresser plus spécifiquement aux gestes d’étayage et de tissage qui nous semblaient présenter les difficultés les plus grandes aux enseignants non spécialistes, nous avons pris en compte le geste de pilotage dans cette étape du travail.

Statut à la fin
Délai administratif de soutenance de thèse 2021
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